Written by: Adoni Conrad Quenum
Depuis 2020, les entrepreneurs technologiques africains se heurtent à des difficultés d’accès aux fonds. La croissance enregistrée dès 2018 connaît en effet un essoufflement. Les investisseurs se font plus prudents.
Les start-up africaines ont levé 1,8 milliard $ en 2023. Le montant est en baisse de 40% par rapport à 2022 (3 milliards $). Les chiffres ont été publiés par la plateforme spécialisée américaine CB Insights. Dans son rapport « State of Venture » paru le 4 janvier 2024, elle révèle que la totalité des fonds levés en 2023 a été réalisée à travers 486 opérations. En recul de près de 49% par rapport à 2022 durant laquelle 709 transactions financières ont été réalisées par les start-up technologiques africaines.
Le total des fonds levés en 2023 par les start-up africaines est si bas par rapport aux années 2022 et 2021 qu’il est presque similaire au montant financier total levé en 2020 (1 milliard $ ; Ndlr) en 493 opérations. Une année particulièrement marquée par les contrecoups de la Covid-19.
Selon CB Insights, le faible attrait des investissements enregistré par le secteur technologique africain en 2023 peut s’expliquer par la relative sous-performance des grands écosystèmes technologiques du continent, en l’occurrence le Nigeria, le Kenya ou encore l’Egypte. Les start-up de ces pays sont généralement les plus grandes destinataires d’investissements comptabilisés dans le résultat annuel des fonds levés par les start-up africaines. Le Nigeria par exemple est tombé d’un piédestal. Ses start-up ont levé 224 millions $ en 2023 et 531 millions $ en 2022. Ce montant était pourtant de plus d’un milliard $ en 2021.
Cette chute des financements dans l’écosystème technologique africaine peut s’expliquer par la hausse des taux directeurs dans les Banques centrales du monde, ce qui a renchéri le coût d’accès au capital sur les marchés internationaux. En Afrique, plus de 89% des financements sont d’origine étrangère.
« Depuis 18-24 mois, et notamment avec la remontée des taux aux Etats-Unis et en Europe, ces capitaux-là se sont énormément taris et donc ont accentué la rareté du capital à destination des start-up africaines. La conséquence de ça, c’est que les start-up qui comptaient sur ces poches de capital pour se développer ou pour poursuivre leur développement se sont retrouvées dans des positions assez délicates et ont dû alléger leur structure de coût et donc procéder à des licenciements », explique Tamim El Zein à RFI en novembre 2023 ; il est fondateur de Seedstars Africa Ventures, un fonds de capital-risque qui investit dans des entreprises à forte croissance actives en Afrique subsaharienne.
Cette tendance baissière des investissements mobilisés par les start-up technologiques ne touche pas seulement l’Afrique. De l’Amérique latine à l’Océanie, en passant par l’Europe et l’Asie, les financements des start-up ont chuté de façon drastique. Ils ont baissé de 56% pour 3,3 milliards $ en Amérique latine, de 45,25% pour 48,4 milliards $ en Europe ou encore de 49,48% pour 53,4 milliards $ en Asie. Le recul des investissements en Afrique de 40% peut être considéré comme moindre par rapport au reste du monde.
Adoni Conrad Quenum
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