Written by: Muriel Edjo
Selon de nombreux rapport spécialisés, l’avènement de nouvelles technologies disruptives fera disparaître de nombreux emplois dans le monde. Cependant, ces études soulignent également qu’il est possible d’atténuer ces effets négatifs si la main-d’œuvre s’adapte aux changements.
Avec l’augmentation de la population africaine, la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour les jeunes sera essentielle à la réduction de la pauvreté et à la prospérité partagée. Pour y parvenir, la Banque mondiale, dans son rapport « Digital Africa : Technological Transformation for Jobs 2023 », interpelle les décideurs politiques et les acteurs du monde professionnel sur l’importance de la technologie numérique et l’urgence de favoriser son accès pour relever les défis du chômage.
« Les défis de l’Afrique en matière d’emploi et de technologie sont immenses et urgents. Sa part dans la main-d’œuvre mondiale devrait devenir la plus importante du monde d’ici le vingt-deuxième siècle, passant de 16 % en 2025 à plus de 41 % en 2100. Plus de 22 millions d’Africains âgés de 15 à 64 ans entrent sur le marché du travail chaque année, soit près de 2 millions de personnes par mois. Ce flux de travailleurs devrait passer à plus de 33 millions par an d’ici 2050 (UN DESA 2022). Il est impératif de créer de bons emplois pour ces millions de jeunes arrivants sur le marché du travail et de meilleurs emplois pour les travailleurs d’aujourd’hui. Une plus grande adoption de technologies améliorées et adéquates est une condition essentielle et insuffisamment soulignée pour atteindre cet objectif », affirme la Banque mondiale.
L’institution internationale propose diverses stratégies et initiatives à même de mieux préparer l’Afrique au futur. Il est tout d’abord crucial de promouvoir le développement des compétences numériques. A cet effet, il est indispensable que les Etats africains investissent « dans des programmes de formation aux compétences numériques afin de doter la main-d’œuvre des compétences nécessaires à l’économie numérique. Il peut s’agir de codage, d’alphabétisation numérique et d’autres compétences liées à la technologie », recommande la Banque mondiale.
Soutenir l’esprit d’entreprise est également crucial car toutes les compétences disponibles ne pourront pas travailler dans le secteur public. Il est donc nécessaire d’encourager la croissance des start-up et des petites entreprises technologiques en leur donnant accès au financement, au mentorat et aux ressources. Cela peut stimuler la création d’emplois et l’innovation dans le secteur technologique.
Améliorer l’écosystème
La Banque mondiale souligne également l’importance d’améliorer l’accès à la technologie. En favorisant l’accès à des services Internet abordables et fiables, aux smartphones et aux ordinateurs, un plus grand nombre de personnes et d’entreprises pourront tirer parti des technologies numériques pour la création d’emplois et la croissance économique.
Sans environnement des affaires propice à l’expression des compétences et des entrepreneurs, pas de croissance. La mise en œuvre de politiques qui soutiennent un environnement commercial propice à l’adoption des technologies et à l’innovation est aussi perçu comme un préalable pour favoriser l’éclosion des emplois numériques. Il peut s’agir de réduire les obstacles réglementaires, de promouvoir la concurrence et de protéger les droits de propriété intellectuelle.
Sans un Internet de qualité et bien d’autres technologies essentielles, il sera difficile de travailler avec efficacité. La Banque mondiale préconise aussi d’investir dans le développement et la mise à niveau des infrastructures numériques, telles que les réseaux à large bande ou encore les systèmes de paiement numérique, les systèmes de stockage et de traitement de données.
La collaboration avec le secteur privé est aussi un atout. Les décideurs publics devraient établir des partenariats avec des entreprises du secteur privé pour favoriser l’adoption des technologies, l’innovation et la création d’emplois dans le secteur privé. Les partenariats public-privé peuvent contribuer à mobiliser les ressources et l’expertise pour relever les défis du chômage.
Enfin, l’institutionnalisation de programmes de mise à niveau technologique et le soutien aux capacités des travailleurs et des gestionnaires peuvent inciter à la création d’applications attrayantes et stimuler l’adoption de la technologie par les entreprises.
En mettant en œuvre ces stratégies et en travaillant en collaboration, la Banque mondiale estime que les décideurs politiques africains ont l’opportunité d’exploiter le pouvoir de la technologie pour améliorer la vie de leurs citoyens et libérer le potentiel du continent pour parvenir à un développement inclusif.
Muriel Edjo
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