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Written by: Muriel Edjo

En marge de la conférence sur les changements climatiques (Cop27) de 2022, tenue du 6 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh, en Egypte, Jean Michel Canto, le directeur Energie Durable & Partenariats d’Orange Middle East & Africa, a accordé une interview exclusive à We Are Tech. Au cours de l’entretien, il a mis en lumière les axes d’investissements du groupe télécom français en Afrique en faveur de la planète. Un engagement gagnant à plus d’un titre pour le groupe télécoms.

We Are Tech : Qu’est-ce qui justifie la présence du groupe Orange à la Cop27 ?

Jean Michel Canto : Orange, au niveau du groupe, a pris des engagements qui sont très clairs sur l’environnement et le climat, il y a plusieurs années. Nous sommes engagés depuis longtemps sur ces problématiques qui nous tiennent à cœur. Nous avons déjà mené plusieurs actions à travers l’ensemble des pays où nous opérons pour y réduire notre impact environnemental. A travers la Cop27, nous souhaitons accompagner les gouvernements dans l’atteinte des objectifs sur la transition écologique, sur la transition de l’énergie. Nous souhaitons travailler avec les gouvernements pour le développement d’énergie renouvelable, le développement d’écosystème sur l’économie circulaire. A la Cop27, les messages que porte le groupe Orange, à travers le directeur de l’environnement, c’est réitérer aux gouvernements nos engagements sur l’environnement et notre disponibilité à les accompagner dans la réduction de leur empreinte carbone. Nous sommes prêts à travailler quotidiennement avec les pays pour atteindre collectivement ces engagements.

WAT : Vous parlez d’accompagner les États. Concrètement, de quoi s’agit-t-il ?  

JMC : Un des gros enjeux pour atteindre nos propres objectifs environnementaux et pour que les pays atteignent les leurs est l’accès aux énergies renouvelables. Le deuxième axe est tout l’écosystème sur l’économie circulaire.

Aujourd’hui, c’est vrai que les réglementations ne nous permettent pas de faire exactement ce que nous voudrions faire, c’est-à-dire construire et développer des fermes solaires et profiter directement de cette énergie renouvelable. Mais en travaillant main dans la main avec les pays, nous avons bon espoir que nous pourrons faire évoluer cette réglementation et attirer les investissements nécessaires dans les pays d’Afrique pour multiplier le déploiement de projets de fermes solaires, les champs éoliens, partout où c’est possible.

« En travaillant main dans la main avec les pays, nous avons bon espoir de faire évoluer cette réglementation et attirer les investissements nécessaires dans les pays d’Afrique pour multiplier le déploiement de projets de fermes solaires, les champs éoliens, partout où c’est possible ». 

L’économie circulaire, c’est le recyclage des téléphones et des équipements télécom que nous utilisons au quotidien. Pour l’énergie renouvelable, en tant qu’opérateur et industrie privée, nous pouvons attirer les capitaux nécessaires pour développer les énergies renouvelables en Afrique. En Afrique, il n’y a pas d’usines spécialisées dans le reconditionnement des équipements télécom et des téléphones pour un nouvel usage de ces appareils, nous souhaitons travailler avec certains gouvernements pour le développement de ces usines sur le sol africain. Aujourd’hui, les équipements télécom et les téléphones sont acheminés en Asie et en Europe pour être reconditionnés. Nous sommes sûr que le développement de ce type d’activités sur le sol africain créera bien évidemment des emplois mais contribuera aussi à l’envol de l’économie circulaire et à la réduction des activités d’extraction de matières premières nocives à la planète.

WAT : Au-delà des téléphones qui deviennent des déchets électroniques lorsqu’ils sont désuets, comment est-ce que l’infrastructure télécoms qu’Orange déploie pour fournir ses services télécoms, pollue ?

JMC : Comme toutes activités, industries, entreprises et individus que nous sommes, nous avons besoin d’électricité. Les infrastructures à travers lesquelles nous apportons des services à nos abonnés, aussi. Utiliser des énergies non renouvelables comme le diesel pour garantir la continuité de nos services dans certaines zones avec un pauvre accès à l’électricité accentue l’impact de nos infrastructures sur l’environnement à travers l’émission de carbone. L’énergie renouvelable fait baisser fortement cette empreinte carbone. Nous travaillons déjà avec nos fournisseurs d’infrastructures et d’équipements pour qu’ils aient, dès leur conception, un engagement fort pour limiter leur impact sur l’environnement.

« En Afrique, il n’y a pas d’usines spécialisées dans le reconditionnement des équipements télécom et des téléphones pour un nouvel usage de ces appareils, nous souhaitons travailler avec certains gouvernements pour le développement de ces usines sur le sol africain.»

Objectivement, en Afrique, le grand facteur d’émission de carbone est l’utilisation de l’énergie pour alimenter toutes nos tours télécom, tous nos data centers, etc. C’est pour cela que nous insistons énormément sur la collaboration avec les pays ou les gouvernements pour développer l’énergie renouvelable. Il y a quelques années, le nombre de groupes électrogènes se multipliait au pied des tours télécom. Petit à petit, nous déployons des panneaux solaires, des énergies propres, pour les remplacer.

Le numérique est un formidable outil pour la planète. Nous faisons des conférences téléphoniques, des visioconférences et nous développons le télétravail grâce au numérique. Avec des infrastructures télécoms et des équipement écoresponsables, nous pouvons limiter grandement l’impact que nous pourrions avoir sur l’écologie et sur le climat.

WAT : Orange s’est doté d’un programme baptisé « Net zéro carbone 2040 ». Qu’est-ce que c’est ?

JMC : Net zéro carbone 2040, c’est l’engagement fort d’Orange sur la question du climat. Il signifie que nous nous engageons à réduire fortement nos émissions de carbone à travers l’utilisation d’énergies renouvelables. Nous sommes conscients qu’il restera quand même une partie mineure incompressible de notre émission carbone. Toute activité ne peut pas totalement être propre. Pour compenser ces émissions de carbone résiduelles, nous devons nous engager dès aujourd’hui dans des solutions qu’on appelle des puits de carbone, c’est-à-dire des solutions qui vont capter le CO2 que nous-mêmes, nous allons émettre.

Aujourd’hui, nous avons déjà engagé des grands travaux autour des puits carbones dans des pays comme le Sénégal, le Cameroun et Madagascar. Nous avons pris des engagements pour planter des arbres, protéger la mangrove. Nous avons signé un partenariat avec des experts du domaine. Orange est un acteur télécom et nous nous appuyons sur des experts du domaine environnemental pour toutes les questions relatives à ce secteur, notamment la protection et le développement de la mangrove qui est un formidable capteur de CO2. C’est à travers ses actions auprès des populations africaines que nous nous engageons et que nous pourrons tenir notre engagement de net zéro carbone en 2040.

« En 2025, plus de la moitié de l’énergie utilisée au niveau du groupe doit être renouvelable. C’est un gros enjeu. »

En 2025, nous avons un point d’étape important. En 2025, plus de la moitié de l’énergie utilisée au niveau du groupe doit être renouvelable. C’est un gros enjeu. C’est la raison pour laquelle nous continuons à alimenter nos sites par des panneaux solaires, solarisons nos data centers qui sont des éléments qui consomment beaucoup d’électricité.

Aujourd’hui, sur la zone, nous enregistrons plus de 6000 sites télécoms équipés de panneaux solaires. Nous allons continuer et accélérer cette transition énergétique au reste de nos équipements. Dans des pays comme la Guinée, la Sierra Leone, Madagascar, la Jordanie, plus de la moitié de l’énergie consommée par le réseau provient des énergies renouvelables que nous-mêmes produisons. Si possible, nous souhaitons développer des champs solaires et des champs éoliens, injecter cette électricité propre dans le réseau électrique des pays dans lesquels nous opérons pour pouvoir utiliser cette électricité propre sur l’ensemble de nos tours télécoms. En plus de cela, nous avons des engagements de réduction d’empreinte carbone sur ce qu’on appelle le SCOPE 1 et 2. Donc le fuel et l’électricité que nous utilisons. Nous prévoyons de diminuer de 30 % leur utilisation respective au niveau du groupe.

WAT : Orange travaille avec des gestionnaires de tours télécoms. Comment le groupe concilie-t-il cette gestion de coûts opérationnels avec ses engagements environnementaux ?

JMC : Nous travaillons avec des gestionnaires de tours (les towercos) sur cinq pays. Sur les douze autres marchés nous opérons nous-mêmes nos tours. Quand nous opérons nous-mêmes sur nos tours, nous faisons appel à des experts pour nous accompagner justement sur cette transition. Nous appelons ces experts des Esco. Ces experts en énergie du monde des télécoms nous accompagnent dans la modernisation de nos chaînes de production d’énergie sur nos tours télécoms, à solariser autant que possible, et à adopter le dimensionnement qui correspond à nos besoins actuels et futurs. Les trois gestionnaires de tours avec lesquels nous travaillons en Afrique ont tous pris des engagements sur l’énergie renouvelable d’ici 2030, 2040 et 2050.

WAT : Au-delà de la réduction de l’impact environnemental de son activité commerciale et de la réalisation d’actions directes en faveur du climat comme les puits carbones, comment les investissements d’Orange pour l’environnement en Afrique intègrent le bien-être des populations ?

JMC : L’impact sur la société est aussi important que l’impact sur l’environnement au sens général du terme. A travers toutes les activités directes en faveur du climat, comme la protection de la mangrove qui répond à notre objectif sur l’environnement, Orange a également l’ambition de développer tout l’écosystème autour au profit des populations. Il va donc y avoir des formations, de nouveaux métiers autour des mangroves puisque nous savons qu’elles produisent du bois, et que des produits dérivés seront donc fabriqués, exploités, vendus : un accompagnement est bien évidemment compris dans ce projet très important et fondamental. Nous avons des infrastructures, qui sont des Orange Digital Center (ODC), que nous déployons partout dans les pays en Afrique. Nous y sensibiliserons les populations à toutes ces questions environnementales à travers diverses activités comme des concours de codage auprès des jeunes sur le sujet de l’environnement. Les populations africaines sont en attente de ces engagements parce qu’elles vont être parmi les premières touchées par ces changements climatiques, que ce soit par la sécheresse dans certaines régions, des villages de pêcheurs qui disparaissent au Sénégal, etc. Ces populations commencent à voir dès aujourd’hui l’impact du changement climatique.

WAT : Peut-t-on considérer Orange Energie comme l’un des éléments de l’action d’Orange en faveur de l’environnement ?

Effectivement. Dans Orange Energie, il y a les kits solaires qui sont très emblématiques mais il n’y a pas que ça. Les kits solaires, par définition, c’est de l’énergie renouvelable. C’est bien évidemment quelque chose qui est très fort à la fois pour apporter l’énergie fondamentale pour la scolarité, le monde professionnel, etc. Il y a également en plus le projet de mini-grids, c’est-à-dire de petites fermes solaires qui permettront d’alimenter un ou deux villages qui n’ont pas du tout accès à l’énergie aujourd’hui.

« Il y a également en plus le projet de mini-grids, c’est-à-dire de petites fermes solaires qui permettront d’alimenter un ou deux villages qui n’ont pas du tout accès à l’énergie aujourd’hui. »

Une fois encore, ce sont, par définition, des énergies renouvelables puisque ce sont des champs solaires qui seront déployés. Ce sont deux exemples qui viennent à la fois apporter des services essentiels aux populations, notamment en plus de répondre à des problématiques fortes de l’environnement.

Le sujet de l’environnement est vaste et Orange est pleinement engagé car c’est à la fois fondamental pour nous tous mais également pour le développement de l’Afrique.

Entretien réalisé par Muriel Edjo