[DIGITAL Business Africa] – Sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter et LinkedIn, nombreux sont les comptes attribués aux personnalités et haut commis de l’État alors qu’ils ne disposent pas de comptes officiels sur ces plateformes web.
Au Cameroun, pour lutter contre ce phénomène très souvent alimenté par des arnaqueurs qui font le chantage et les fausses promesses aux internautes moins avisés, l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC) collabore avec le groupe Meta qui détient les réseaux sociaux Facebook, Instagram, WhatsAPP et Threads.
En 2023, l’ANTIC a détecté huit cent vingt-trois (823) faux comptes usurpant l’identité des hauts commis de l’État sur les réseaux sociaux. 60,27 % de ces fake accounts ont été fermés grâce au partenariat noué par l’ANTIC avec la société META. Soit 496 faux comptes fermés.
Ces chiffres ont été dévoilés ce 24 janvier 2024 à Yaoundé, par le secrétaire général du ministère des Postes et Télécommunications, Mohamadou Saoudi. Avant la présentation des vœux à la ministre Minette Libom Li Likeng, Il dressait le bilan des actions menées en 2023 par le Minpostel et par les structures sous-tutelle. C’est en présentant les réalisations de l’ANTIC qu’il a dévoilé ces chiffres.
Toujours à accorder au crédit de l’ANTIC, le recensement et la sécurisation des comptes et pages Facebook des administrations publiques et hauts responsables, mais surtout la réalisation d’une veille informationnelle relative à l’État et aux hauts commis de l’État sur les sites web et réseaux sociaux.
Des requêtes du gouvernement camerounais à Meta
En matière de demande d’infos personnelles de certains utilisateurs de Facebook à Meta par les gouvernements, il peut arriver que Meta réponde favorablement.
En effet, Meta répond aux demandes de données des gouvernements qui souhaitent avoir des informations personnelles de certains abonnés Facebook. Mais, Meta le fait conformément à la législation applicable et à ses conditions de service.
Selon Meta, chaque demande d’un gouvernement est soigneusement examinée pour s’assurer qu’elle est juridiquement suffisante.
Les demandes gouvernementales à Meta concernant les données des utilisateurs comprennent à la fois les demandes de procédure légale de routine et les demandes de divulgation d’urgence. Pour ces deux types de demandes, Meta indique chaque année le nombre de demandes reçues, le nombre d’utilisateurs/comptes demandés et le pourcentage de demandes pour lesquelles le groupe Meta a produit des données.
Pour les demandes émanant de gouvernements et accompagnées d’une procédure légale, comme un mandat de perquisition, Meta divulgue les enregistrements de compte uniquement en conformité avec ses conditions de service et la loi applicable.
En ce qui concerne les demandes de divulgation d’urgence, les forces de l’ordre peuvent soumettre des demandes sans procédure légale. En fonction des circonstances, le groupe Meta précise qu’il peut volontairement divulguer des informations de ses utilisateurs aux forces de l’ordre lorsque le groupe a de bonnes raisons de croire que l’affaire implique un risque imminent de blessure physique grave ou de décès.
Meta peut donc rejeter ou exiger plus de détails spécifiques pour les demandes qui semblent trop larges ou trop vagues. Au Cameroun par exemple, entre janvier et juin 2023, le gouvernement a demandé à Meta, à six reprises, des informations sur 17 comptes Facebook (ou comptes des réseaux sociaux de Meta). Et Meta précise qu’il n’a délivré aucune réponse favorable à ces six demandes du gouvernement camerounais.
Mais sur le plan mondial, le groupe Meta indique avoir reçu entre janvier et juin 2023 environ 271 692 requêtes de gouvernements sur les données personnelles de 469 372 utilisateurs des plateformes de Meta. 76.90% de ces requêtes ont obtenu une réponse favorable de la part de Meta.
721 cas de scamming et 37 plateformes d’arnaque par cryptomonnaie
Revenons au chapitre des réalisations de l’ANTIC en 2023. Mohamadou Saoudi indique par ailleurs que l’ANTIC a recensé, toujours en 2023, sept cent vingt-et-un (721) cas de scamming, trente-sept (37) plateformes d’arnaque au moyen de faux investissements par cryptomonnaie et placements d’argent et quatre-vingt (80) cas de phishing exploitant les adresses usurpées des sites web et adresses email des banques, des structures privées ainsi que des administrations publiques.
Plus encore, l’ANTIC a détecté en 2023, lors de ses missions de contrôle, dix mille sept cent quatre-vingt-huit (10 788) vulnérabilités dans les systèmes d’information des structures publiques et privées.
Parmi les autres activités menées par l’ANTIC, le SG du Minpostel cite:
- l’élaboration d’une cartographie TIC des structures publiques ;
- l’organisation des événements liés à la vulgarisation et au développement des TIC et de l’Internet (forum sur le Domaine Name System (DNS) et à la sensibilisation des établissements secondaires sur les opportunités offertes par les TIC…) ;
- l’organisation de la 11ème édition du Forum National sur la Gouvernance de l’Internet (IGF.CM) et de la 3ème édition du Forum national DNS ;
- l’organisation d’un séminaire de renforcement des capacités des Agents des collectivités territoriales décentralisées (CDT) de la région de l’Adamaoua en matière de TIC ;
- la réalisation d’une campagne de sensibilisation dans six (06) établissements d’enseignement secondaire des régions du Nord-ouest, du Nord et du Littoral sur les opportunités offertes par les TIC ;
- les sensibilisations sur la cybersécurité, la veille sécuritaire, la certification électronique et la réalisation des audits de sécurité des Systèmes d’Informations des institutions publiques et privées ;
- la conduite des investigations numériques afférentes à la cybercriminalité pour les Forces de Défense et de Sécurité ;
- l’élaboration des alertes et bulletins de sécurité à l’intention des différentes structures publiques et privées notamment les Administrations publiques, les banques et les opérateurs téléphoniques ;
- la mise à niveau et l’animation d’un call-center dédié aux préoccupations des populations afférentes à la cybersécurité ;
- la mise à jour de l’évaluation des risques des infrastructures critiques nationales ;
- la sécurisation des applications de gestion des Avis de Virement Irrévocable du MINFI, RF-TRUST du FONDS ROUTIER, de gestion du courrier de l’ANOR ;
- la sécurisation du fichier national des actes d’états civils des Communes du Département du Wouri à travers le BUNEC, des Attestations de diplômes délivrées par les Centres de formation placés sous la tutelle du MINADER, de la plateforme d’hébergement des applications made in Cameroun de MBOASTORE et du canal de communication entre les postes des agents validateurs des administrations sectorielles et le serveur du CENADI qui héberge les applications Antilope et SIGIPES ;
- l’acquisition d’un module multiplateforme d’authentification des usagers ;
- la mise en place d’un système PKI minimal de reprise des activités à Douala ;
- la réalisation des audits de sécurité des réseaux de communication électronique et des systèmes d’information et le suivi de la mise en œuvre des recommandations issues des précédents audits effectués auprès des ministères, des Entreprises et Établissements Publics.
Le faible niveau de digitalisation de l’administration camerounaise
Aussi, il faut relever que lors de conférence annuelle du secteur des postes et télécommunications tenue le 23 janvier 2024 dans la salle de conférences du Minpostel, l’ANTIC a fait le point sur certaines activités.
Et c’est à Prosper Djoursoubo Pagou, Ingénieur de conception en informatique et directeur de la veille sécuritaire de l’ANTIC, qu’est revenu la mission de présenter l’exposé de l’ANTIC. Il est à retenir qu’en 2023 au Cameroun, les statistiques ci-après ont été enregistrées :
- 59% de taux d’accès à l’Internet ;
- 84,6% de taux d’utilisation d’Internet via le mobile ;
- 45,6% de taux de pénétration de l’Internet ;
- 13,8% de la population active sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, deux (02) problèmes majeurs ont été identifiés par l’ANTIC, à savoir le faible niveau de digitalisation de l’administration camerounaise et la recrudescence de la cybercriminalité.
S’agissant du faible niveau de digitalisation de l’administration camerounaise, l’ANTIC note qu’il s’est traduit par la non-harmonisation des systèmes d’information dans les administrations publiques, la faible compétence des ressources humaines en matière de digitalisation et le faible niveau de process engineering.
Pour davantage renforcer la confiance numérique du cyberespace camerounais et accélérer la digitalisation de l’administration au cours de l’année 2024, les recommandations ci-après ont été formulées lors de cette conférence annuelle :
- le renforcement de la collaboration avec les services de sécurité pour faciliter les enquêtes ;
- l’optimisation de la plateforme de fact-checking ;
- le déploiement des sondes IPS, IDS, honeypot au niveau des administrations ;
- l’intensification de la sensibilisation des populations sur la cybercriminalité ;
- l’intensification de la campagne d’identification et d’interpellation des individus utilisant des dispositifs de changement de code IMEI ;
- la mise en place d’un cadre collaboratif avec les principaux fournisseurs de contenus étrangers ;
- l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de protection de l’enfant en ligne ;
- la mise en place d’une plateforme de type Cyber Threat Intelligence (CTI) pour les secteurs bancaire et des télécoms ;
- l’audit des processus d’enregistrement et de reconduction des numéros de téléphone auprès d’opérateurs de téléphonie ;
- la sécurisation de trois (03) applications ;
- le déploiement du protocole IPv6 à grande échelle ;
- la vulgarisation des guides de bonne pratique par les opérateurs de communications électroniques ;
- la mise en œuvre des mesures pour lutter contre la pratique illégale du SIM Swap.
Les missions de l’ANTIC
Pour rappel, l’ANTIC est un établissement public administratif doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière administrée par un Conseil d’Administration.
L’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC) est en charge de la régulation des activités de sécurité électronique et de la régulation des ressources de nommage et d’adressage au Cameroun.
Dans l’accomplissement de ses diverses missions, l’Agence s’est dotée de diverses divisions techniques et structures d’accompagnement pour l’assister dans ses missions variées que sont : l’audit de sécurité des systèmes d’information, la veille sécuritaire, la certification électronique, la promotion des TIC, la Régulation de l’Internet à travers la gestion des ressources de nommage en “.cm” et des adresses IP.
L’agence entend ainsi, par ces multiples actions, proposer des solutions viables aux problèmes liés à la cybercriminalité, à la Cyber sécurité et à l’utilisation des TIC.
Par Beaugas Orain DJOYUM