[DIGITAL Business Africa] – Alain Olivier Noël Mekulu Mvondo reste persuadé que les États de la Cémac peuvent tirer parti des cryptommonaies. Le directeur général de la Caisse nationale de Prévoyance sociale (CNPS) a une fois de plus rappelé la nécessité de recourir aux cryptomonnaies pour booster la croissance économique de la zone. Il est intervenu au cours du Panel 2 de la Finance Week intitulé « Marché domestique des capitaux : un levier de croissance économique pour la Cémac ? ».

Pour Alain Olivier Noël Mekulu Mvondo, il est hors de question de rester frileux face à cette évolution technologique qui a été mise au point en 2009 par Satochi Nakamoto, fondateur du Bitcoin. On peut évidemment comprendre que la Béac en soit rétive lorsqu’on regarde les inconvénients que couvent cette monnaie électronique. Le terme « crypto », qui signifie  » caché » n’aide pas aussi. Les décideurs  reprochent aux cryptomonnaies des fluctuations de prix extrêmes, des vulnérabilités de sécurité. Sans oublier que la monnaie échappe au contrôle des banques centrales.

 

Avantages des cryptoactifs

 

Mais à côté de ces inconvénients, il y a des avantages qu’Alain Olivier Noël Mekulu Mvondo, DG de la CNPS, préfère mettre en avant, même s’il insiste sur la réglementation de ces cryptoactifs.

 

« Règlementer signifie qu’on tient compte du phénomène, et on le règlemente pour mieux le maitriser et en tirer les avantages. Toutes les grandes institutions mondiales sont en train de constituer les actifs en cryptomonnaies. Demain, on nous l’annonce, le Trésor américain lui-même va suivre… Cela peut être rentable. Pourquoi n’explorerions-nous pas cette voie ? », s’est-il enquis.

Et de reconnaitre : « Je dois dire de manière un peu cruelle que si on n’avait adopté au moment où nous en parlions à Douala, je crois il y a une ou quelques années, j’avais demandé à ce que la CNPS constitue les actifs en crypto pour 1 milliard (de FCFA). Tel que cela évolue aujourd’hui, nous aurions eu 7 milliards environ. On aurait récupéré notre milliard et on serait en toute liberté de faire venir cinq, six milliards autres… On peut prendre des cryptos, les mettre en réserve et attendre que cela prenne de la valeur. Donc, on peut aussi évoluer vers une économie financiarisée ».

Le DG de la CNPS, Alain Olivier Noël Mekulu Mvondo, déplore le fait que les États africains, encore rétifs aux cryptoactifs, aillent contracter des dettes auprès d’autres États qui, eux, ont acquis les cryptomonnaies et tirent des bénéfices de ces investissements.

« J’aimerais bien investir dans le Bitcoin. Mais ce secteur n’est pas règlementé parce que la Béac en a fait un tabou. Les États ne peuvent pas le faire, au moins sans le consentement de la BEAC. Et moi, je milite pour que le Bitcoin et les cryptoactifs en général soient adoptés et règlementés », a-t-il dit.

En guise de réponse aux cryptomonnaies dans la zone Cémac, l’ancien gouverneur de la Béac, Abbas Tolli, a désigné, en 2023, un groupe de travail de 11 personnes chargées d’effectuer, en étroite collaboration avec le Fonds monétaire international (FMI), le suivi et la mise des travaux relatifs à la réflexion sur une monnaie numérique de la Béac.

 

Les Titres publics

Avant le DG de la CNPS, Alain Olivier Noël Mekulu Mvondo, le gouverneur de la Béac, Yvon Sana Bangui, a livré une communication sur le thème : « Marché des titres publics de la Béac, défis et perspectives ». Il en ressort que les titres publics sont des instruments émis par les États membres de la Cémac pour financer leurs besoins budgétaires.

On distingue deux types de titres publics, notamment les bons du Trésor assimilables (BTA) dont l’échéance est à court terme (3,6, ou 12 mois) et les obligations du Trésor assimilables (OTA) avec une échéance à moyen ou long (1 à 5 ans au plus).

L’émission de ces trésors publics se fait par adjudication ( vente aux enchères publiques) ou syndication ( lorsque les banques se regroupent pour octroyer un prêt à une entreprise). Et la Béac en assure la supervision.

Selon le Gouverneur de la Béac, le marché des titres publics dans la région de la Cémac fait face à plusieurs défis. Au nombre desquels la faible liquidité et la profondeur du marché, la dépendance aux financements extérieurs, les taux d’intérêt élevés et la faible attractivité des titres, l’instabilité économique et politique dans certains pays de la zone Cémac. En référence à l’insécurité qui prévaut et à la mauvaise gestion des finances. Tout ceci dissuade parfois les investisseurs de s’engager dans les investissements à long terme.

Par Jean Materne Zambo