Written by: La rédaction
Le 5 janvier dernier, l’équipe algérienne a remporté le second prix de la finale du concours mondial Tech4Good organisé par Huawei. Elle a défendu sa solution d’autonomisation de l’agriculture grâce à l’intelligence artificielle. Alors que l’insécurité alimentaire menace encore plusieurs millions de vie à travers la planète, les sept étudiants au cœur de cette innovation technologique y voient un moyen efficace et moins contraignant de rentabiliser la production agricole. Dans un entretien à We Are Tech, l’équipe a dévoilé les dessous de leur ambitieux projet.
Qu’est-ce qui vous a inspiré la solution FarmAI ?
L’inspiration est venue de l’insécurité alimentaire dont souffre l’Algérie et d’autres pays dans le monde. Nous nous sommes dit pourquoi ne pas développer un système informatique qui, associé à d’autres outils, permettra de créer une ferme intelligente où nous pourrons surveiller les cultures, identifier les insectes nuisibles dans les fermes, bâtir un système d’irrigation intelligent, surveiller les changements météorologiques. Bien sûr, l’idée principale est de détecter rapidement les maladies dont souffre la ferme ou l’exploitation agricole et d’y répondre avec efficacité.
Comment cette solution fonctionne-t-elle ?
Le système de détection précoce de la maladie de la rouille du blé utilise un modèle d’intelligence artificielle pour la surveillance des champs de blé à l’aide de drones. Le drone vole autour du champ tous les 4 jours, capturant des images des plantes à l’aide de sa caméra. Ces données sont ensuite transférées à un réseau neuronal profond qui effectue une classification de ces images et une analyse afin d’identifier de possibles infections. C’est après l’analyse d’un ensemble de données aboutissant à une forte probabilité d’infection que le système alertera l’agriculteur par le biais d’une application mobile et d’un système back-end. L’agriculteur prendra alors les actions qui s’imposent pour préserver ses cultures, évitant ainsi des pertes financières.
Nous avons déjà eu des rendez-vous avec le ministère de l’Economie de la connaissance et des Start-up et le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Ils nous aideront, soit à nouer des partenariats, à collaborer avec des start-up locales qui produisent des drones, soit à acquérir nous-mêmes nos propres drones. Pour nous c’est une opportunité. Surtout dans le contexte actuel marqué par le fort soutien du président de la République à l’agritech, aux start-up.
Pourquoi avoir choisi l’intelligence artificielle pour cette solution ?
Nous n’avons pas choisi d’utiliser l’intelligence artificielle (IA) parce que c’est une technologie à la mode ou quelque chose comme ça, mais notre problème nécessite beaucoup d’efforts, de temps et d’argent. Donc, comme nous le savons tous, l’IA améliore la rapidité, la précision et l’efficacité des actions humaines. A partir de ces caractéristiques, nous avons voulu réunir l’IA et les fermes dans notre projet FarmAI. A ce stade de notre produit, nous avons juste employé l’IA dans 2 fonctions clés qui sont la vision par ordinateur : l’automatisation des drones qui surveillent la ferme et le traitement des images et leur classification.
Etant donné le potentiel de la technologie utilisée, pourquoi la limiter à la rouille du blé ?
Au début du concours Tech4good, notre idée principale était de développer un système qui peut aider à réduire les pertes dans les champs agricoles, et par là même assurer la sécurité alimentaire dans notre pays. Mais comme nous étions limités dans le temps et que nous avions déjà commencé notre projet avant le concours sur une caractéristique spécifique qui était la détection de la maladie de la rouille, nos mentors nous ont conseillé de poursuivre sur cette voie. Cependant, dans nos perspectives, nous visons à fournir d’autres fonctionnalités telles que la détection des insectes et d’autres maladies, etc. Nous prévoyons également de déployer notre solution vers d’autres plantations.
Pour ce qui est de l’intérêt porté à la rouille du blé, il découle de la place du blé dans l’économie de l’Algérie. Les Algériens consomment plus de 100 kg par an. Le pays cultive et exporte cette denrée. C’est une grande source de richesses pour les familles et le pays. Notre solution permet de répondre à des préoccupation d’ordre alimentaire et économique, pas seulement en Algérie mais dans le monde.
Après le concours Tech4Good, quelle est la prochaine étape pour SevenG avec FarmAI ?
La prochaine étape est de tester notre solution. Nous avons déjà discuté avec des agriculteurs. La majorité est très intéressée. L’application a été faite de telle sorte qu’il n’est pas difficile de l’utiliser. Elle ne requiert pas de l’utilisateur des connaissances hi-tech. La majorité des agriculteurs utilisant des smartphones, ils n’auront qu’à visualiser les résultats de l’analyse de données. Tout ce qui concerne le calibrage des drones, leurs vols, l’analyse des données, est automatisé.
Lorsque nous aurons fini de tester la solution, nous proposerons un essai gratuit aux agriculteurs afin de les convaincre de son utilité. Ensuite, nous essaierons de trouver des investisseurs pour développer l’entreprise plus rapidement et avoir plus de clients.
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