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Written by: Samira Njoya

La transformation numérique a le potentiel de révolutionner l’agriculture en Afrique. L’adoption de technologies innovantes peut améliorer la productivité et la compétitivité des agriculteurs à travers le continent.

L’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA) estime que l’accès à la technologie et l’utilisation d’outils comme les mégadonnées, le GPS et les drones pourra augmenter les rendements des cultures en Afrique de 10,5 % à 20 % en cinq ans.

Dans son rapport « Driving Digital Transformation of African Economies », publié en mai 2024, l’organisation souligne par ailleurs que vulgariser les TIC dans l’agriculture africaine pourrait entraîner une hausse des profits de 23 % en cinq ans. La GSMA exprime ainsi la nécessité pour les Etats africains d’investir judicieusement dans le numérique, dont l’impact peut être une source de croissance dans divers secteurs stratégiques de l’économie.

Selon la GSMA, l’agriculture est un moteur important de la croissance et de l’emploi en Afrique. Les progrès récents permettent déjà de fournir une large gamme de services plus efficaces aux agriculteurs. « Par exemple, Aerobotics en Afrique du Sud fournit des services d’analyse de données et d’apprentissage automatique pour traiter l’imagerie aérienne provenant de drones et de satellites, fournissant des informations en temps réel sur la performance des cultures, les parasites, la santé des plantes, les niveaux d’irrigation ».

« Des technologies numériques encore plus simples peuvent améliorer l’efficacité des chaînes d’approvisionnement agricole grâce à une meilleure information et à une meilleure formation. Il a été constaté que les messages SMS envoyés aux petits exploitants de canne à sucre pour leur indiquer quand effectuer des tâches agricoles spécifiques augmentaient les rendements de 11,5 % », renseigne encore l’Association.

« En outre, la technologie peut relier les agriculteurs aux marchés de manière beaucoup plus efficace grâce à de nouveaux modèles d’agrégation, de logistique et de gestion de la chaîne d’approvisionnement. Par exemple, l’Ethiopian Commodity Exchange peut désormais mieux différencier la qualité du café ; sa technologie de traçage permet même à un petit agriculteur d’entrer directement en contact avec des acheteurs mondiaux », note la GSMA.

En Afrique, l’agriculture est un moteur clé de la croissance économique et de la sécurité alimentaire. De nombreuses organisations internationales comme les Nations unies appellent à sa transformation numérique pour améliorer la qualité des produits et les rendements. Cet intérêt pour le numérique dans l’agriculture explique la poursuite des investissements dans les start-up agritech au cours des cinq dernières années, même pendant la crise du financement des start-up de 2023, selon le rapport « State of AgTech Investment in Africa 2024 » de Briter Bridges.

En 2020, le secteur agricole représentait 13 % du financement total et 5 % du nombre total de levées de fonds. Même si le secteur ne représentait plus que 6 % du financement total et 6 % du nombre total de levées de fonds en 2023 selon Partech, le rapport « Agriculture in Africa 2023 » publié par Oxford Business Group en partenariat avec le groupe OCP présente des perspectives enthousiasmantes pour le secteur, avec une croissance annuelle de 44 % du secteur agritech africain entre 2023 et 2028.

Cependant, pour que les agriculteurs africains puissent pleinement bénéficier du potentiel transformateur du numérique, il est crucial d’étendre la couverture réseau, d’améliorer l’accès aux appareils mobiles et de rendre accessible le coût d’accès à Internet. Adresser ces préoccupations permettrait à un plus grand nombre d’agriculteurs de s’intégrer à l’économie numérique. 

Selon le rapport « The State of Mobile Internet Connectivity 2024 » de GSMA, augmenter l’utilisation de l’Internet mobile pourrait ajouter 795 milliards de dollars au PIB africain entre 2023 et 2030. 

Samira Njoya

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