[DIGITAL Business Africa] – Mamadou Traoré, membre du Comité d’orientation et de coordination (COC) du GPS, parti de Guillaume Soro, a été condamné à deux ans de prison pour diffusion de fausses informations et trouble à l’ordre public. C’était le 16 août 2024.
Le tribunal des flagrants délits d’Abidjan, habituellement réservé à des délits comme l’escroquerie et le vol, a jugé Traoré pour une publication sur son compte Facebook. Il y affirmait que du matériel militaire utilisé lors du défilé de l’indépendance le 7 août 2024 avait été loué à Takuba, une unité de la force militaire de l’opération Barkhane chassée du Mali. Il critiquait également le bilan du président Alassane Ouattara.
« Logements sociaux ? Dohi [mensonge en argot]. Émergence en 2020 ? Dohi. Métro en 2015 ? Dohi. Emploi pour la jeunesse ? Dohi. Non candidature en 2020 ? Dohi. Gratuité des soins ? Dohi… », écrivait-il. « Le droit s’enfuit par la fenêtre »
Pour sa défense, Mamadou Traoré a soutenu qu’il avait utilisé « le conditionnel » dans son post Facebook, pour prendre « de la distance » avec l’information. Il a donc plaidé l’humour. « Mes adversaires politiques me connaissent comme celui qui aime titiller, j’ai fait ce post pour amuser la galerie. Mais quand j’ai vu que ça partait dans tous les sens dans les commentaires, j’ai tout de suite supprimé la publication », a-t-il déclaré à la barre comme le rapporte Jeune Afrique qui a assisté à l’audience. Peine perdue pour l’accusé, car le parquet a jugé que ses propos étaient de nature à « discréditer les institutions de la République » et portaient atteinte à l’image du chef de l’État.
Verdict au terme d’une heure d’audience : coupable ! Condamné à deux ans de prison ferme, à une amende et à cinq ans de privation des droits civils et politiques.
Son avocat, Me Souleymane Diallo, a dénoncé un procès politique et annoncé son intention de faire appel. Cette condamnation intervient à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2025, et est perçue par certains comme une tentative de museler l’opposition.
En 2022, Traoré avait déjà été condamné à huit mois de prison pour des faits similaires. Un autre cadre du GPS, Kando Soumahoro, est également détenu depuis le 14 août dernier pour trouble à l’ordre public. La justice lui reprochait d’avoir signé au nom de GPS, aux côtés de dix autres représentants de partis d’opposition, une déclaration commune appelant le pouvoir à des réformes électorales. Ceci alors que le parti GPS avait été dissous. Ce que conteste le parti de Sorro qui soutient avoir fait appel de cette interdiction et que l’affaire reste pendante en justice.
Par Digital Business Africa