[DIGITAL Business Africa] – Emprunter le train du numérique. L’exhortation est faite à la presse traditionnelle par le Pr Jacques Fame Ndongo, ministre d’État, ministre de l’ Enseignement supérieur du Cameroun. Le premier coordonnateur de la rédaction de Cameroon Tribune (quotidien national) en 1974 a prononcé une note inaugurale à la faveur du colloque scientifique international pour les 50 ans de Cameroon Tribune, ce jeudi 04 juillet 2024 à Yaoundé. Un discours historique qui s’appuie sur le thème : « Presse publique, pluralisme politique et révolution numérique ».
La presse en ligne est célébrée par un membre du Gouvernement camerounais, pas des moindres. Même si sur le plan légal, un désert subsiste. Le Pr Jacques Fame Ndongo ne s’arrête pas à la simple invitation des médias traditionnels à migrer vers le numérique. Il leur prodigue un cours d’économie des médias. Comment faire pour ne pas être évincé du circuit. Bref, la conduite à tenir par une entreprise de presse pour maximiser son profit.
« Il faut donc s’adapter au numérique pour générer plus de revenus ». Les explications du Pr Jacques Fame Ndongo : « À l’ère numérique, les citoyens sont de plus en plus sur internet et dans les réseaux sociaux. L’économie de l’internet est basée sur la monétisation de la data (données/informations) que les entreprises possèdent ou génèrent par leur activité et du trafic web qu’elles sont susceptibles de générer sur leurs différentes plateformes digitales. Le big data que possède l’entreprise de presse publique est destiné à être transformé en des contenus éditoriaux qui sont conçus comme des aimants qui attirent et fidélisent les consommateurs potentiels que sont les internautes, de manière à générer un abondant trafic monétisable sur ses différentes plateformes digitales. La survie de la presse publique est tributaire de ce changement de culture paradigmatique qu’impose l’ère numérique à la presse », a prescrit le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Jacques Fame Ndongo.
Les promoteurs d’entreprises de presse présents dans la salle ont fait bon accueil de cette masterclass du Pr Jacques Fame Ndongo. La preuve, à la chute de son propos, toute l’assistance s’est dressée spontanément pour saluer cet enseignement on ne peut plus important. Mais il ne suffit pas simplement de s’aligner au numérique pour générer plus de revenus. La DG de la Sopecam Marie Claire Nnana, peut le confirmer.
« Dans le passé, on faisait trois milliards de FCFA par an, c’est-à-dire trois milliards par an. Maintenant, avec le numérique, en publicité, je ne suis pas sûre que nous gagnons 50 millions de FCFA. En ventes d’éditions numériques papier, là c’est encore un peu plus grave. En ventes d’éditions numériques papier, nous avons à peu près 100 millions de FCFA. Quand la vente du papier donne plusieurs milliards de FCFA… On doit créer des contenus intéressants, mais quelle que soit la façon dont vous ferez, cela ne donnera pas le milliard », a-t-elle dit.
La présence en ligne n’est donc pas gage de rentabilité. L’on ne saurait douter de la pertinence, de la qualité des contenus qu’offrent les produits de la Sopecam : Cameroon Tribune ou Nyanga Magazine. Le ministre d’État, ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Jacques Fame Ndongo, a d’ ailleurs salué le travail abattu par l’équipe rédactionnelle de Nyanga. Que faut-il faire pour que la presse cybernétique prospère, dans un environnement où l’abonnement et la publicité ne rapportent pas ? Beaugas Orain Djoyum, PDG de Digital Business Africa, a demandé au Pr Jacques Fame Ndongo si le gouvernement pouvait apporter un appui financier aux « pure players ». Entendez, entreprise qui exerce son activité uniquement en ligne. À quoi le ministre a répondu qu’il faut que chaque entreprise ait un modèle économique qui lui permet de fonctionner normalement. Selon lui, elle n’a pas à attendre une quelconque aide de l’État pour fonctionner. Même si le ministre d’État, ministre de l’ Enseignement supérieur, Pr Jacques Fame Ndongo, a rappelé que l’aide à la presse existe bien au Cameroun, et celle-ci est appelée à disparaître un jour.
Le directeur adjoint de Fraternité Matin, journal ivoirien, pense que l’État doit apporter une contribution à ces entreprises dédiées à l’information.
« Oui, l’État a le droit de soutenir un peu la presse parce que la presse, d’une manière générale, qu’elle soit privée ou bien publique, intervient dans un domaine qu’on appelle le service public. Donc il y a une contribution à apporter. Mais cette contribution ne peut pas être majoritaire. Il faut bien savoir que la presse est une activité à part entière. C’est une entreprise aussi. Tout comme une entreprise de fabrication de bijoux, une entreprise de fabrication de bonbons. On pourrait dire que celui qui fait des bonbons ou bien qui fabrique des médicaments, c’est un service public aussi qu’il rend parce que cela s’adresse à la population. Mais quand vous venez créer votre entreprise de presse, il faut avoir un business plan”, a-t-il dit.
Adama Koné rappelle que la structure de financement d’une presse dans le système anglo-saxon est de 80 % de publicité et 20 % de vente. Mais que les 80 % de publicités qui doivent soutenir l’activité de l’entreprise, son fonctionnement, ne viennent que lorsque l’annonceur est sûr d’atteindre un certain public.
Par Jean Materne Zambo